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Et si on s'inspirait des militaires pour lutter contre le stress ?

Rédigé par Imene Besbes | 25/10/22 16:00

Absentéisme, turn-over, prise en charge de maladies, altération des performances… Le stress des salariés a un coût. Au point que l’OMS qualifie le stress de « fléau du monde occidental ». Et si on s'inspirait de ceux pour qui le stress est une constante de leur travail ? On a nommé... Les militaires ! Si nos soldats parviennent à vivre des mois de façon spartiate et sous la menace, c’est notamment grâce à des techniques simples que nous pouvons mettre en œuvre dans notre quotidien et au travail. 

 

Différencier le mauvais stress de la dose d’adrénaline positive 🏄

Le stress en opération est une bonne chose : il aide à avoir ses sens en éveil. Les militaires doivent se tenir prêts, les capteurs de leur corps doivent être en mode ON. Vous avez les mains moites, le cœur qui bat à 100 à l’heure et les jambes qui flanchent avant une conférence ou un entretien ?

👉 Ce stress qui peut vous sauver la vie, c’est l’adrénaline.

Voilà une bonne nouvelle : il est possible d’en tirer parti pour mieux vivre et réussir nos projets.

L’endocrinologue Hans Selye a développé le concept de stress positif ou l’eustress”, du préfixe grec eu- qui signifie “bon”. C'est une expérience positive. Il s’agit plus d’un challenge, certes difficile, mais qui participe à un sentiment de satisfaction et de bien-être. 

  • Il ne dure qu’un court moment.
  • Il favorise la montée en énergie, l’activation, le dynamisme et l’excitation.
  • Il est facteur de motivation.
  • Il permet d’augmenter la concentration et la projection vers la performance.

Il faut différencier le bon stress du mauvais !


Néanmoins, il faut savoir identifier un stress « aidant » aka l'eustress d'un stress nuisible (un mauvais stress) et un stress aigu d'un stress chronique (une maladie à part entière). Selon Hans Selye, il y a 3 phases de stress : la phase d’alarme, la phase de résistance et la phase d’épuisement.

En effet, en situation de stress, notre corps sécrète des hormones, dont l’adrénaline. C'est une réaction en chaîne qui provoque :

  • l'augmentation de la production de glucose par le foie ;
  • l'augmentation de la fréquence cardiaque, de la pression artérielle, de la ventilation pulmonaire ;
  • la vasodilatation des vaisseaux des muscles ;
  • l'orientation du sang vers le cerveau et les muscles ;
  • la libération dans la circulation sanguine de globules rouges par la rate ;
  • l'augmentation des niveaux de vigilance.

Si cet état se prolonge, l’organisme mobilise d’autres ressources pour continuer de faire face : c’est la phase de résistance. C’est à ce moment-là qu’est secrété le cortisol : cette hormone permet une libération du taux de glucose dans le sang pour nourrir les muscles, le cœur, le cerveau, dans une situation de stress prolongé.

Ce stress peut nous handicaper. Chaque personne dispose d’un seuil de tolérance différent, il faut donc apprendre à connaître son état d'eustress ainsi que ses limites. 

Il existe des réactions cognitives et comportementales :

  • Augmentation de l’attention et de la concentration (ou à l’inverse, troubles de la concentration et de la mémoire)
  • Réaction émotionnelle plus ou moins adaptée
  • Stimulation des capacités d’analyse et de raisonnement (inversement, blocage du raisonnement, de l’évaluation d’une situation)
  • Optimisme, sérénité, confiance en soi, sentiment de contrôle (ou au contraire, blocage, anxiété, panique)
  • Comportement affirmé (ou à l’inverse, diminution des habiletés verbales, voix hésitante, tremblements, regards bas, faiblesse)

Lire aussi 👉 Pour combattre le stress, il faut apprendre à le connaître

 

Comptez sur vos réflexes

Lorsqu’un militaire se retrouve dans un environnement hostile, il compte sur ses automatismes. En cas de problème, ce sont les entraînements qui lui permettent de réagir. Il fait appel à ce qu’il a répété des centaines de fois et appris par cœur en formation.

Le risque que le stress le paralyse est moindre, car il sait à quoi s’attendre grâce aux entraînements.

Ce qui détermine l’intensité d’une réaction, c'est la perception d’une situation, le message que le cerveau envoie aux glandes endocrines.

Les stages et entraînements militaires sont volontairement intenses et réalistes pour qu’une fois sur le terrain, les militaires soient focalisés sur leur environnement plutôt que sur leurs émotions.

On peut comparer ces entraînements à la vaccination en médecine : on injecte un virus à faible dose pour renforcer les défenses immunitaires du corps. On fournit des défenses, des “anticorps psychologiques” aux militaires, pour lutter contre le stress.

Les capacités d’adaptation d’une personne sont boostées par l’exposition à des stimuli qui activent les mécanismes de défense. Se préparer et se soumettre à des situations stressantes est une des meilleures façons d’éviter les palpitations, les contractions, la sudation...

 

👉 Dans le monde de l’entreprise, on peut s’entraîner au maximum avant une importante réunion, par exemple, en envisageant toutes les éventualités possibles, comme se faire couper la parole, être challengé sur tel ou tel sujet, ne pas retenir l’attention, être interrompu, etc.

Outre la préparation, c’est également la phase de bilan qui compte. Après chaque mission, les militaires font un bilan. Les informations récoltées sont analysées précieusement et permettent d’anticiper les prochaines missions afin qu’elles se passent mieux que la précédente.

Appliqué au travail, cela devrait nous inciter à nous poser après un rendez-vous stressant, un talk, un entretien annuel. L'objectif ? Revenir sur ce qu’il s’est passé, décrypter nos réactions et en tirer des leçons.

 

Raisonner de façon tactique 🧠

Si vous affrontez une menace ou vivez une situation de crise, vous pouvez appliquer la Méthode de raisonnement tactique (MRT) des militaires. Il s’agit d’une technique de l’École de guerre française qui aide à prendre une décision en situation de stress. Elle a pour objectif de décomposer votre situation tactique en ses éléments essentiels afin de saisir les rapports qui existent entre ces éléments, de dégager le cadre et les limites de l'action qu'il vous faudra mener, et d'en préciser la finalité.

👉 En procédant ainsi, on évite de se laisser submerger par les émotions. 

 

Elle se déroule en deux phases ✌️

La première évalue la situation de manière très méthodique :

De quoi s’agit-il ? Pourquoi ? Qui ? Avec qui ? Contre qui ? Où ? Quand ? Comment ?

En fonction des réponses apportées à ces questions, on détermine un objectif dans un second temps. 

Lorsque l’effort à fournir est trop colossal, nous ressentons un déséquilibre entre les compétences nécessaires pour résoudre la situation et nos compétences réelles.

Ainsi, pour ne pas céder à la panique ou être littéralement paralysé, mieux vaut diviser le problème en sous-problèmes :

1# Situer le cadre de l’action : « de quoi s'agit-il, où et quand ? »

Dans quel environnement votre objectif s’inscrit-il ? Dépend-il d’autres éléments ? Sous quels délais ? Par exemple, on vient juste de vous prévenir que vous devez exposer les tenants et aboutissants d’un projet sur lequel vous avez peu avancé, en réunion d’équipe et en présence de votre manager. Il est midi passé, certains pensent déjà à la pause déjeuner : il faut être concis et pourtant convaincant.

2# Définir ses contraintes : « pourquoi et quoi ? »

Quelle est la nature du rapport de force ? Quelle attitude ont les opposants ? Par exemple, vous savez qu’un de vos collègues est mécontent au sujet de ce projet : il n’a pas eu les informations à temps. Il va falloir éviter qu’il vous mette mal à l’aise alors qu’il semble bien préparé à intervenir dans la discussion.

3# Évaluer ses moyens, ses renforts et ses adversaires : « avec qui » et « contre qui ».

Vous avez conscience qu’un autre collègue a eu les mêmes difficultés que vous avec ce client : vous savez qu’il va falloir l’interpeller au bon moment pour qu’il vous donne un coup de main, etc.

 

👉 Chaque étape doit vous permettre de définir le style de manœuvre, les contraintes, les impératifs et l'effet majeur. Elles permettent également de préciser les besoins en renseignements et moyens complémentaires, ainsi que les premières mesures à prendre pour la bonne exécution de la mission. 

 

Rechargez les batteries🔋

Vous vous en doutez, sur le long terme et à forte dose, l’afflux d’adrénaline n’est pas sain.

C’est pourquoi, avant une mission de plusieurs mois à l’étranger, mais aussi pendant et après, les militaires participent à des séances appelées “techniques d’optimisation du potentiel” (TOP). Il s'agit d'une méthode de préparation mentale intégrative (habiletés mentales, techniques, physiques, tactiques pour l’amélioration de la performance). Elle est inspirée de la psychologie et de plusieurs méthodes de relaxation comme le yoga, la méditation et la sophrologie

Les techniques d’optimisation du potentiel sont les suivantes :

  • La Météo TOP ©
  • La balade sensorielle
  • Les respirations contrôlées (relaxante, dynamisante, régulatrice)
  • Diverses techniques de relaxation (relaxation musculaire directe, relaxation musculaire indirecte, relaxation sensorielle, relaxation paradoxale, relaxation posturale, image de détente, relaxation psycho-physiologique personnalisée...)
  • Le renforcement positif
  • La répétition mentale
  • La préparation mentale de la réussite ©
  • La pré-activation mentale
  • Le signal d’ajustement réflexe
  • La régulation du niveau d’activation
  • La dynamisation psycho-physiologique ©

Elles favorisent 👉 la préparation à l’action, la récupération, la régulation et la gestion du stress, la gestion de la motivation, le dialogue interne positif, la préparation mentale de la réussite, la répétition mentale, la gestion du sommeil.

Ce n’est pas seulement pendant une mission que cette boîte à outils est utile, mais aussi lorsque l'on se trouve au contact de sa hiérarchie. En effet, lors des évaluations intermédiaires ou à chaque début d’année, lorsque les militaires sont confrontés à leur supérieur, un protocole strict est appliqué : il peut s’avérer intimidant.

Les techniques d’optimisation du potentiel permettent alors de se détendre.

La respiration de combat 

Pour le jeune militaire, inspirer 4 secondes par le nez et expirer 4 secondes par la bouche, en conscience et en s’efforçant de faire le vide, estompe rapidement le sentiment de panique. Sur le terrain, si les échanges de coups de feu peuvent paralyser, les militaires recourent à la “respiration de combat”, focalisée sur la ceinture abdominale, oxygénant rapidement le sang.

👉 Maîtriser sa respiration est la première base d’apprentissage des TOP.

1# À l’inspiration, vous laissez venir l’air par le nez.

2# Ensuite, en expirant, vous entrouvrez légèrement la bouche et vous laissez l’air s’échapper doucement, sans effort.

En respiration thoracique, vous ressentez le gonflement du thorax à l’inspiration, puis son rétrécissement à l’expiration.

En respiration abdominale, votre ventre se gonfle à l’inspiration et il se dégonfle à l’expiration.

Prenez l’image d’un ballon. En alternant les deux respirations, vous développez l’élasticité de votre diaphragme.

Ensuite, vous utilisez la respiration complète, qui consiste à utiliser les trois étages respiratoires :

1# À l’inspiration, gonflez le ventre, le thorax se dilate en avant et les épaules montent vers la tête.

2# À l’expiration, laissez tomber les épaules. Votre thorax se rétracte, puis votre ventre se creuse.

 

Il existe plusieurs types de respirations : 

  • Les respirations relaxantes
  • Les respirations avec rétention d’air (poumons pleins ou poumons vides)
  • La respiration synchronique (on peut synchroniser sa respiration sur un mot positif, une phrase, une image, un son…)
  • Les respirations dynamisantes
  • La respiration en carré (on apprend à dessiner un carré avec sa respiration et on visualise son carré devant soi, voire on y incorpore une image)

Ces techniques d’optimisation du potentiel permettent aussi d’améliorer la qualité du sommeil, la mémorisation, la concentration et la confiance en soi. Chaque technique a un protocole adapté au contexte de la personne.

Et si vous n’êtes toujours pas convaincu, sachez que c’est prouvé scientifiquement : lorsqu’on se relaxe, on stimule la sécrétion des endorphines, les fameuses hormones du bonheur.

Euphoriques, antidouleurs et anxiolytiques, elles réduisent les niveaux d’adrénaline, et donc le stress. Magie !

La dernière corde à avoir à son arc pour recharger ses batteries et lutter contre le stress est une bonne condition physique, en pratiquant régulièrement du sport. Les activités physiques au sens large et les activités manuelles permettent de vider le cerveau, littéralement. Le sport, comme la relaxation, stimule la libération des hormones du bonheur. 

 

 

Misez sur l’humain et l’esprit d’équipe 🗣️

C’est prouvé, le relationnel est l’un des piliers de notre bien-être.

Imaginez : vous vous réveillez, déjeunez, vous vous entraînez, vous passez vos soirées et vos nuits avec vos collègues, dans des endroits parfois hostiles, vous affrontez des dangers. Sans un minimum de relations humaines, ce ne serait pas vivable.

Connaître son environnement humain, les compétences et les failles de chacun, permet de savoir sur qui s’appuyer et à quel moment.

Au sein du groupe, le plus dangereux finalement, c’est celui ou celle qui intériorise, au risque que cela explose au mauvais moment et que cela mette tout le monde en danger. 

La solidarité est un excellent moyen pour contrer les moments d’angoisse.

En 2014, le psychologue Guillet a souligné que les relations peu amicales dans une entreprise étaient des “stresseurs”.

À l’inverse, le fait d’avoir des relations dites « aidantes » avec ses collègues ou sa hiérarchie est un bouclier contre le stress.

Conclusion ? On a tous une part de responsabilité dans le bien-être ou le mal-être des personnes que nous côtoyons au travail. Même les interactions anodines : un coup de fil à un fournisseur, un dossier à traiter en binôme, une pause déjeuner peuvent avoir un impact fort sur nos changements d’état d’esprit.

 

Nos forces armées ont recours à des méthodes connues et accessibles à tous, pourquoi ne pas nous en inspirer ? 

👉 Pour aller plus loin sur les techniques d’optimisation du potentiel ®

Si vous souhaitez mettre en place ces pratiques pour vous, vous pouvez le faire avec un de nos praticiens formés.