Quand il est effectué dans de bonnes conditions, le travail ne ressemble pas du tout à du travail. Les longues heures et les situations stressantes sont gérées avec aisance, grâce à un profond sentiment de satisfaction. En revanche, dans de mauvaises conditions, même une journée de travail de cinq heures ou l'envoi de quelques e-mails peuvent sembler intimidants, anxiogènes, voire carrément impossibles. Cela s'explique : l'épuisement professionnel concerne moins la charge de travail objective que la sensation de cette charge de travail, la façon dont nous sommes configurés pour gérer cette charge de travail et notre relation psychologique avec cette charge de travail. Quand on ne se sent pas en sécurité, tout devient une menace. C'est pourquoi, sur les six principales causes de burnout, une seule est liée à la charge de travail. On fait le point.

 

Les symptômes de l'épuisement professionnel sont similaires à ceux d'une humeur maussade prolongée ou d'une dépression légère, bien qu'ils soient purement liés au travail. Ainsi, afin de comprendre plus en détail les causes de l'épuisement professionnel, nous devons d'abord prendre du recul et examiner pourquoi les humains ressentent des émotions négatives comme une mauvaise humeur.

 

La raison de l'épuisement professionnel : pourquoi les humains sont de mauvaise humeur ?

La psychologie évolutionniste nous apprend que les émotions ont évolué pour nous aider à poursuivre nos objectifs. Nous sommes enthousiasmés par la possibilité de trouver de la nourriture ou un compagnon ; nous devenons anxieux lorsque ces objectifs sont menacés. Ce qui est intéressant, c'est que, même si nous obtenons une récompense émotionnelle lorsque nous obtenons ce que nous voulons, c'est une récompense relativement courte et qui n'explique pas la plus grande partie de notre changement d'humeur global.

Il s'avère que l'humeur dépend moins du succès ou de l'échec que de la progression vers les objectifs.

 

Comme l'humeur concerne notre sentiment de progrès continu plus que des réalisations spécifiques, les attentes sont extrêmement importantes. Le high du coureur (le sentiment d'euphorie que l'on ressent pendant et après une activité physique) pourrait être un exemple de la façon dont une douleur anticipée qui ne se matérialise jamais peut créer de l'euphorie.

L'inverse est tout aussi vrai : travailler continuellement face à des attentes écrasantes et irréalisables crée un sentiment de désespoir absolu. La mauvaise humeur prolongée, dont l'épuisement professionnel est une forme particulière liée au travail, est causée par un manque de progrès vers les objectifs, ou tout du moins perçu comme tel.

 

Mais l'humeur sur le long terme n'est pas uniquement déterminée par le sentiment de progrès vers les objectifs : il s'agit du sentiment de progrès vers les bons objectifs.

S'améliorer en modélisation financière ne sera pas forcément agréable si votre principal désir est de développer votre créativité, par exemple. Ce qui est étrange avec les objectifs, c'est qu'ils sont déterminés par nos émotions, qui sont elles-mêmes déterminées par notre patrimoine biologique et culturel.

Les objectifs n'ont rien à voir avec l'intelligence : notre QI nous dit comment résoudre les problèmes, pas quels problèmes valent la peine d'être résolus pour commencer. Essayer de nier vos objectifs, c'est comme essayer de nier la météo. Le problème, c'est que, contrairement à la météo, les objectifs peuvent être difficiles à percevoir : souvent, ils sont enfouis sous la surface de notre esprit conscient et un peu de recherche introspective est nécessaire pour les découvrir.


Lorsque nous ne progressons pas constamment vers les bons objectifs, il est difficile de ne pas se sentir vaincu et épuisé. L'ensemble du « jeu » de la vie professionnelle semble impossible à gagner. C'est comme essayer de marquer au football quand vos lacets sont attachés ensemble. C'est alors que le burn-out devient compréhensible, voire rationnel. C'est une réaction inconsciente à une situation profondément irrationnelle sans fin en vue.

 

Les 6 principales causes de l'épuisement professionnel

L'épuisement professionnel est un signal à l'esprit conscient que notre progression vers un objectif précieux (mais souvent inconscient) ne se déroule pas correctement.

Voici six raisons courantes pour lesquelles nous restons coincés dans la poursuite de nos objectifs et nous retrouvons en situation d'épuisement professionnel.

Elles sont adaptées des recherches universitaires effectuées par Christina Maslach, une psychologue organisationnelle qui a consacré sa vie à étudier et à comprendre pourquoi les gens s'épuisent.

Ces six raisons ne sont en aucun cas mutuellement exclusives ; la plupart des gens qui s'épuisent le font pour plusieurs raisons. Nous expliquerons les six raisons en examinant le cas d'un employé fictif appelé Tom, qui s'est récemment senti épuisé au travail.

 

1️⃣ La vie professionnelle pousse les gens à poursuivre des objectifs inaccessibles

La première cause d'épuisement professionnel est la fixation d'objectifs impossibles à atteindre.

Peut-être que Tom s'est épuisé parce que sa charge de travail était tout simplement trop élevée, pendant trop longtemps, ou qu'il n'avait pas les compétences requises pour faire ce travail.

Si Tom a passé les trois derniers mois comme s'il était sur un tapis roulant sur lequel la seule récompense pour avoir terminé son travail était encore plus de travail, son épuisement professionnel n'est pas surprenant.

 

2️⃣ La vie professionnelle est aléatoire

Dans ce scénario, Tom a l'impression qu'atteindre ses objectifs est un peu un pari : il n'y a pas de lien clair entre les efforts déployés et le succès rencontré.

Une semaine, il passe quatre jours sur une présentation qui est abandonnée à la dernière minute (beaucoup d'efforts sont investis sans récompense finale). Tandis que la semaine suivante, il est félicité devant toute l'entreprise pour un travail qui lui a pris dix minutes (très peu d'efforts conduisent à beaucoup d'éloges).

Pas étonnant que Tom ne se sente pas incité à travailler : l'effort n'est pas toujours synonyme de succès.

Quand il y a trop de ressorts aléatoires dans un jeu, on abandonne vite : c'est un phénomène connu sous le nom d'« impuissance apprise ». L'incertitude liée au hasard est donc une autre cause majeure d'épuisement professionnel. Tom a besoin d'un lien fort entre l'effort et la récompense.

 

3️⃣ La vie professionnelle n'offre pas assez de récompenses émotionnelles

Tom pense, et le psychologue Daniel Pink serait tout à fait d'accord, qu'il y a fondamentalement trois choses qui font que l'on prend plaisir à réaliser son travail : l'autonomie, la maîtrise et le but.

Autrement dit, Tom veut être responsable de son propre travail, il veut être bon dans ce domaine et il veut que son travail compte vraiment (ou soit lié à quelque chose de significatif, qui pourrait être une cause, un sentiment de communauté ou un ensemble de valeurs). Que Tom soit conscient ou non de ces sentiments, son désir de ces trois choses guidera ses actions, et s'il n'est jamais satisfait - s'il est micro-géré, si ses compétences ne s'améliorent pas et si son travail lui semble inutile - ses chances de s'épuiser augmenteront de façon exponentielle.

 

4️⃣ Le sentiment d'injustice

Lorsque l'on enquête sur les causes de l'épuisement professionnel, l'idée d'« équité » revient sans cesse.

Les récompenses financières et la charge de travail sont injustement réparties, les managers récompensent le travail que les collaborateurs n'ont pas réalisé eux-mêmes, les promotions et les évaluations semblent biaisées selon Tom,... Il a le sentiment que la culture est toxique et en perd sa motivation. 

 

5️⃣ La vie professionnelle est accompagnée  de messages mitigés

On affirme à Tom que le bon travail est loué et reconnu dans son entreprise, mais après avoir fait un excellent travail, son responsable commence alors à se sentir menacé et ses collègues deviennent jaloux et amers.

On assure à Tom que c'est bien d'avoir des idées originales, mais il s'avère qu'il existe une culture du risque zéro et que les idées originales (lorsqu'elles sont exprimées) risquent d'être déconsidérées et décrédibilisées devant les autres.

On dit à Tom qu'il est important de travailler en collaboration, mais ses collègues sont frustrés lorsqu'il les interrompt pour leur demander de discuter d'un projet. Ces messages contradictoires rendent presque impossible un engagement complet dans un travail et procurent souvent aux employés un sentiment de confusion, de stress, voire d'épuisement.

 

6️⃣ Poursuivre les mauvais objectifs

La dernière cause majeure qui contribue à l'épuisement professionnel des employés relève d'une mauvaise identification de son objectif final. Peut-être voulez-vous bien vous entendre avec les autres, mais le travail que vous devez réaliser nécessite de faire des commentaires difficiles à entendre.

Peut-être que vous appréciez d'être franc et direct, mais le travail que vous devez réaliser vous oblige à ne pas trop dévoiler vos cartes.

Peut-être que l'histoire de votre vie consiste à provoquer de grands changements dans la vie de quelques personnes, mais votre travail consiste à faire une petite différence pour un grand nombre de personnes.

Essayer de progresser vers des objectifs qui ne correspondent pas aux vôtres, c'est comme essayer de courir un marathon avec un gilet lesté : c'est faisable, en théorie, mais cela vous semblera inutilement difficile et vous rendra beaucoup plus susceptible d'abandonner au cours du chemin.

 

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