La sieste au travail, quelle étrange expression ! Loin d’être un mirage, c’est une pratique largement répandue dans le monde. Au Japon, on est plus proche de l’obligation de sieste que de son interdiction, la Chine en a fait un droit constitutionnel depuis 1948, et les États-Unis ne cessent de vanter les bienfaits de la power nap. Mais qu’en est-il en France ? La sieste serait-elle le nouveau volet de toute bonne politique QVCT ? Intéressons-nous plus en détail à ce phénomène et à ses implications sur la vie de l’entreprise.

 

Les avantages de la sieste au travail

Si vous êtes familier de la pratique de la sieste en week-end ou durant vos vacances, vous avez peut-être déjà remarqué qu’elle s’accompagne de nombreux bénéfices. Mais pourquoi l’adopter en entreprise ? 

 

    📈 Amélioration des performances

Une sieste de 15 minutes après le déjeuner vous évite dans un premier temps de somnoler en début d’après-midi. Au lieu d’essayer de garder les yeux ouverts à tout prix, mieux vaut s’avouer vaincu et prendre un quart d’heure pour couper complètement et reprendre le travail ensuite. Voyez-le comme un investissement bénéfique pour votre santé et pour votre productivité : une étude menée sur des pilotes de la NASA a révélé qu’après une sieste d’une vingtaine de minutes, leurs performances s’étaient améliorées de 34% et leur vigilance de 54%. Certes, vous n’avez pas besoin d’être aussi attentif qu’un pilote de la NASA pour remplir vos tâches, mais augmenter votre niveau de vigilance sert votre santé.

 

     📉 Diminution du nombre d'accidents du travail

Être plus vigilant vous permet de réduire le risque d’avoir ou de provoquer un accident du travail. La sieste de 15 à 20 minutes, en vous octroyant une dose supplémentaire de repos, diminue votre niveau de stress : vous êtes plus calme, vous maîtrisez mieux vos mouvements, et vous avez donc moins de risques de faire des erreurs – potentiellement dangereuses ou incommodantes.

Au-delà des risques physiques, réduire votre stress vous permet également de limiter l’apparition de pathologies de santé mentale telles que le burn-out. Tout le monde a à y gagner : les salariés en bien-être, les entreprises en rentabilité. Cette étude du cabinet Mozart Consulting estime que le mal-être au travail d’un salarié coûte 13 340 € par an, dont 3 000 € directement imputables aux accidents du travail et maladies professionnelles. Dormir un peu plus pour être en meilleure santé et réduire les coûts globaux… La sieste, vous vous y mettez quand ? 

 

     ✍️ Engagement dans une démarche QVCT

Si la pratique de la sieste est instaurée par les équipes managériales et adoptée par une majorité de collaborateurs, elle témoigne d’une réelle volonté de créer des conditions de travail agréables de la part de l’entreprise. Au vu du contexte actuel du marché du travail, c’est loin d’être anecdotique : présenter une politique QVCT complète qui inclut la sieste et les équipements associés – nous reviendrons sur les bonnes pratiques pour mettre en place la sieste en entreprise dans la suite de cet article – peut constituer un réel facteur d’attractivité et de rétention des talents.

 

pexels-tima-miroshnichenko-6615100

 

Les inconvénients de la sieste au travail

Pour tirer un maximum de bénéfices de cette pratique, il y a quelques règles à respecter, à la fois pour son bien-être personnel et pour le maintien d’une ambiance de travail fructueuse. Si la sieste en elle-même ne comporte que peu d’inconvénients, sa mise en application peut susciter des points de friction qu’il est bon d’anticiper.

 

     🕟 Encadrer la durée de la sieste

Les effets bénéfiques cités précédemment ont été mesurés dans le cas de sieste d’une durée comprise entre 15 et 20 minutes. Cela ne signifie pas que les siestes plus longues n’entraînent aucun effet positif, mais ce ne seront pas les mêmes et ils s’appliquent moins aisément au cadre professionnel. Une courte sieste vous plonge dans un état de sommeil léger, vous pouvez donc en sortir facilement et reprendre quasi immédiatement le travail. Au contraire, une sieste plus longue, même si elle augmente considérablement votre créativité, annonce une phase de réveil plus longue et difficile, ce qui peut nuire à votre productivité globale.

Pour rester sous la limite des 20 minutes, et si vous êtes amateur de café, buvez-en une tasse juste avant d’aller vous reposer. La caféine fait effet en une vingtaine de minutes : votre corps se réveillera assez naturellement après ce laps de temps. Pour les gros dormeurs et ceux qui ne boivent pas de café, il vous reste la bonne vieille méthode du réveil à programmer sur votre téléphone. Évitez quand même de monter le son au maximum pour ne pas importuner vos collègues !

 

     🛌 Une pratique qui demande des aménagements

Pour être instaurée dans de bonnes conditions pour chacun, il est impératif de dédier un endroit à la pratique de la sieste ou de temps calmes. Une salle de pause classique n’est pas suffisante : certains y passent pour discuter autour d’un café, ce qui occasionne du bruit, peu compatible avec la sieste.

Nous reviendrons plus précisément sur les aménagements à prévoir dans la suite de cet article.

 

     De potentielles tensions

Tous les aménagements décrits ci-dessus, au-delà d’instaurer des conditions optimales pour la pratique de la sieste en entreprise, visent également à encadrer le dispositif. En énonçant et en affichant des règles claires à propos de l’utilisation et du partage des locaux, vous contribuez à responsabiliser chacun. En établissant des espaces séparés, vous limitez l’émergence de tensions entre les adeptes de la sieste et ceux qui y sont réfractaires. En effet, certains collaborateurs risqueraient de s’agacer en voyant leur voisin s’assoupir, ce qui est bien loin de renforcer les liens dans l’équipe !

 

Ce que dit la loi

 

À première vue, la loi ne dit pas grand chose à propos de la sieste au travail ! Aucun texte législatif ou réglementaire ne vient encadrer cette pratique, mais il existe bien une jurisprudence à ce sujet. En l’état, cette dernière est plutôt défavorable à la sieste lorsqu’elle a lieu sur le lieu de travail. Pour instaurer la sieste en entreprise, il faut passer par un accord entre l’employeur et les employés. Sans accord consensuel se pose la question de savoir si la sieste effectuée sur son lieu de travail peut être assimilée à une faute grave, et donc justifier un licenciement. Mieux vaut ne pas prendre le sujet à la légère ! Et rien n’empêche l’employeur d’interdire la pratique de la sieste, tant que les obligations légales de durée de pause sont respectées.

 

Lorsqu’émerge une volonté partagée de l’employeur et des employés de mettre en application la sieste en entreprise, cette dernière doit cependant se conformer à certaines règles. Nous avons déjà évoqué deux d’entre elles : la mise à disposition d’un local dédié et de matériel adapté, et l’établissement d’une charte relative à la sieste au travail. On peut citer deux autres obligations de l’employeur vis-à-vis de ses salariés : il est garant de leur sécurité durant cette période – à envisager notamment en termes de harcèlement – et se doit d’autoriser la pratique en respectant une égalité de traitement entre salariés de même catégorie d’emploi. 

 

Si vous envisagez de mettre en place la sieste en entreprise, sachez cependant que vous ne pouvez pas la rendre obligatoire : c’est une possibilité offerte à chacun et non un devoir. Dans le cas où vous voudriez proposer d’autres activités destinées au repos et à la décontraction en entreprise, pensez à diversifier votre offre : sieste, yoga, ateliers de relaxation, etc. N’hésitez pas à sonder vos employés pour enrichir vos idées !

 

Capture d’écran . 2023-08-17 à 16.45.04

 

Mettre en place la sieste en entreprise : les bonnes pratiques

 

Ça y est, la décision est prise : la sieste en entreprise fait son entrée chez vous ! Une fois un accord trouvé entre la direction et les employés, par quoi commencer ?

 

1. Faire accepter l’idée en interne 👍

Culturellement, la sieste n’est pas bien perçue en France : il se peut donc que vous ayez pas mal de travail à faire de ce côté-là. Pour appuyer votre propos, parlez des avantages de la sieste – évoqués au début de cet article – autour de vous. Que ce soit via des conversations informelles ou de la communication interne, tous les moyens sont bons pour ouvrir la discussion et partager les bénéfices de cette pratique ! Pour rassembler un maximum de participants, misez sur la création d’un événement Meeriad (image ci-dessus) : chacun peut s’y inscrire et retrouver toutes les informations utiles.

 

2. Rédiger la charte 📝

Il vous faut garder en tête que le but de cette charte est d’encadrer au maximum la pratique pour prévenir toute dérive ou conflit dans le futur. De ce fait, il est nécessaire de disposer d’un document clair et précis et de l’afficher dans un lieu visible par tous les employés. Vous pouvez en imprimer plusieurs exemplaires pour les disposer à des endroits où les collaborateurs passent fréquemment et/ou attendent (machine à café, salle de réunion, ascenseur, etc.) et évidemment, sur la porte de la salle de sieste.

Voici quelques éléments à mentionner dans votre charte : 
  • Le ou les lieux dédiés à la sieste 
  • Les horaires d’ouverture de ce(s) lieu(x)
  • Les consignes à respecter : privilégier un silence complet ou chuchoter au besoin, laisser son ordinateur à l’entrée, ne pas apporter de boisson, etc. 
  • Les conséquences en cas de non-respect de ces règles

3. Choisir l’espace alloué à la sieste 🚪

Cette étape dépend fortement de la manière dont se structurent vos locaux et du nombre d’employés qui s’y trouvent. Dans la mesure du possible, privilégiez un endroit calme, bien isolé, à l’écart de lieux bruyants, et suffisamment spacieux pour accueillir du matériel. Si vous êtes vraiment nombreux et que l’initiative plaît en interne, vous pouvez ouvrir plusieurs espaces dédiés à la sieste afin d’éviter une trop grande concentration de collaborateurs dans la même pièce ou de faire des déçus en cas de manque de place.

 

4. Aménager l’espace 🛋️

L’aménagement de cette pièce est assez simple : on privilégiera des fauteuils de tailles et de textures différentes – pour que chacun puisse y trouver son bonheur – sans lésiner sur la quantité de coussins et de couvertures ! Ajoutez à cela un casier à chaussures à l’entrée pour conserver un maximum de propreté et une horloge bien visible pour éviter de perdre la notion du temps au réveil. Ne négligez pas l’importance d’un nettoyage régulier pour maintenir un cadre agréable au fil des mois.

 

5. Mesurer l’impact 📊

Enfin, prévoyez un questionnaire à distribuer aux collaborateurs quelques semaines après l’inauguration de cette salle de sieste. Les réponses récoltées vous permettront de vous rendre mieux compte de l’utilisation concrète de cet espace, d’identifier d’éventuels leviers d’amélioration des règles ou de l’aménagement intérieur, et de déterminer si cette politique QVCT a un impact positif sur les collaborateurs.

 

Alors, convaincu par la sieste au travail ? Peu gourmande en investissement financier, la promotion de la sieste en entreprise pourrait bien devenir un redoutable atout de votre politique QVCT. Pour ce qui est du taux d’adoption, il faut bien essayer pour le savoir… Et si vous cherchez d’autres idées, il existe nombre d’autres pratiques pour regagner de l’énergie et lutter contre les coups de barre. Penchez-vous sur la marche, les étirements, des ateliers de relaxation, et renouvelez-les dans la journée si nécessaire ! Vous verrez, c’est bien plus efficace que le babyfoot…

Mesurez gratuitement l’indice QVT de votre entreprise

pie@2x 1