Un de vos collaborateurs vous quitte pour une durée plus ou moins déterminée, de plusieurs mois au moins. Vous vous en doutez bien, vous n’allez pas gérer cette absence comme deux semaines de congés. Mais alors, par quoi commencer ? Comment s’y prend-on pour organiser une si longue absence en maintenant l’équipe à flot et sans délaisser le collaborateur absent ? La loi nous donne quelques pistes, creusons-les ensemble pour se préparer correctement à ce type de situation et adopter les bonnes pratiques.

 

L’absence longue durée, de quoi parle-t-on ?

Plusieurs événements de la vie d’un salarié peuvent mener à une absence de longue durée : 
  • Un congé sabbatique ✈️
  • Un congé individuel de formation 📚
  • Un congé maternité et/ou parental 👨‍👩‍👧
  • Un congé d’adoption 👶
  • Un congé de proche aidant 🙋
  • Un mandat syndical 👩‍💼
  • Une maladie dite “de longue durée”, c’est-à-dire lorsque l’absence atteint ou dépasse six mois 💊
Une absence longue durée est une période qui entraîne des changements manifestes, à la fois pour l’employé et l’employeur. Les interactions se font plus rares, ce qui entraîne nécessairement des changements dans la relation entre le salarié et ses collègues, son manager, sa hiérarchie, etc. Peu importe le motif qui nous éloigne de l’entreprise, on est amené à se sentir moins motivé, un peu perdu… Et pour cause !
 
 

 

Pourquoi l’absence longue durée demande-t-elle des aménagements particuliers ?

Un collaborateur qui s’absente plusieurs mois se retrouve parfois dans une situation proche de celle d’un nouvel arrivant. Certes, le fonctionnement global de l’entreprise reste le même, mais de nombreux événements peuvent bouleverser l’exécution du travail en tant que telle : le départ d’un collègue, une restructuration suite à une fusion, un déménagement… Autant de variables qui bouleversent les repères.
 
Parmi les effets observés suite à un manque d’anticipation du retour d’un salarié après une absence longue durée, on peut citer : 
  • Le mal-être au travail dû au stress du retour, à la perte de repères, à l’isolement, ou encore à un faible sentiment d’appartenance
  • Un risque accru de turn-over, et par conséquent, une fuite des compétences clefs
  • Une dégradation de la cohésion d’équipe, liée à une ambiance de travail appauvrie, à un manque de considération, à un accueil peu chaleureux ou à une mauvaise gestion de l’absence du collaborateur
  • Un désengagement du collaborateur, qui entraîne une moindre productivité, un travail peu qualitatif, des interactions conflictuelles, un manque de respect des règles de collaboration…
Tous ces facteurs nuisent à la fois au collaborateur en question, à son équipe, et à l’entreprise en général. Pour cette dernière, cela se traduit également en termes monétaires dans la mesure où le mal-être et la baisse de productivité entravent considérablement la production d’un travail de haute qualité et de haute intensité.
 
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Les obligations légales après une absence longue durée

Pour les raisons précédemment citées et d’autres encore, la loi encadre le retour au travail après une absence longue durée grâce à différentes normes et mesures. 
 
 
  • Le salarié doit retrouver son emploi  👔
À son retour, le salarié doit retrouver l’emploi qu’il occupait avant son absence longue durée. À défaut – en cas de suppression du poste notamment – l’entreprise est tenue de lui proposer un emploi similaire, à rémunération équivalente. Le poste proposé doit s’inscrire dans la continuité du contrat de travail, en maintenant un niveau de qualification, de classification et de rémunération identiques à l’emploi occupé avant l’absence du salarié. Le collaborateur est quant à lui dans l’obligation d’accepter de récupérer son ancien poste si celui-ci est toujours disponible.
 
 
  • Son manager doit organiser un entretien de retour d’absence 📝
Cette mesure est régie par l’article L6315-1 du Code du travail français et stipule que l’entretien de retour est obligatoire pour tout salarié après une absence longue durée. Le but de cet entretien est d’échanger sur les sujets qui semblent pertinents au manager et au collaborateur, qu’ils concernent des points très précis relatifs au déroulement des missions ou des thématiques plus ouvertes telles que les perspectives d’évolution professionnelle envisagées.
 
Pour mener au mieux cet entretien de retour d’absence, voici quelques éléments à garder en tête : 
 
💬 Prendre le temps de discuter
À son retour, il est très probable que le collaborateur pose de lui-même des questions, exprime des doutes ou des souhaits pour l’avenir. Pour renouer le lien entre vous, prévoyez un temps d’échange suffisamment long et abordez tranquillement les sujets qui se présentent. 
 
 
🆕 Partager les actualités
Gardez en tête que le collaborateur, même s’il a un certain nombre d’années d’ancienneté, va devoir faire face à des nouveautés au sein de l’entreprise. Pour éviter cet effet de surprise et les perturbations qu’il engendre, préparez-lui une synthèse de tout ce qui a pu changer au cours de son absence : les départs, les arrivées, les réorganisations, les projets terminés, les nouveaux dossiers… N’hésitez pas à y ajouter des informations indirectement liées au travail, par exemple la fermeture d’un restaurant où vous aviez l’habitude de déjeuner ou l’ouverture d’une salle de sport au coin de la rue. 
 
En ayant à sa disposition tous les éléments formels et informels du quotidien, le collaborateur pourra se remettre dans le bain d’autant plus facilement et rapidement. Dédier une partie de votre matinée à l’accueil de ce collaborateur lui envoie également un signal fort : en passant du temps avec lui, vous lui montrez qu’il compte pour l’entreprise et que son retour est un événement important.
 
 
🔄 Définir les adaptations nécessaires
Ce volet est particulièrement utile lorsque l’absence est liée à une maladie et nécessite une modification du temps de travail du salarié (passage à temps partiel, mi-temps thérapeutique…) ou un aménagement des locaux (bureau au rez-de-chaussée, proche d’un point d’eau…). Que ces modifications soient temporaires ou permanentes, il est primordial de les déterminer au début de la reprise du collaborateur.
 

 

Le guide des bonnes pratiques

  • Anticiper le départ (dans la mesure du possible) ⏱️
Selon les motifs d’absence longue durée, il n’est pas toujours possible de préparer le départ du collaborateur, mais si la situation s’y prête, c’est une étape à ne pas négliger. En effet, anticiper son départ lui permettra de partir l’esprit serein et de faciliter son retour le moment venu. 
 
Voici quelques points que vous pouvez voir ensemble : 
  • Fixer ses dates de départ et de retour
  • Faire le point sur ses dossiers et projets en cours
  • L’impliquer dans les processus de recrutement, de formation et de passation avec son remplaçant
  • Définir quand et comment informer le reste de l’équipe de cette absence
  • Organiser un moment convivial – déjeuner, team building, afterwork – avant son départ


  • Garder contact pendant l’absence 📞
Si et seulement si le collaborateur en exprime l’envie et donne son consentement. Préférez les messages aux appels pour lui laisser le temps de répondre à son rythme, et surtout, ne lui parlez pas de travail. Vous pouvez lui partager les bonnes nouvelles récentes, lui demander des siennes ou lui parler des temps forts en interne, mais toujours sur un ton informel. 
 
Si certains membres de l’équipe veulent l’informer d’une nouvelle importante pour eux – une grossesse, une naissance, un projet réussi grâce à ses conseils, etc. – vous pouvez les encourager à le faire, tant qu’ils ne multiplient pas les contacts. L’objectif en gardant le contact, c’est de faire comprendre au salarié qu’il fait toujours partie de l’entreprise, du collectif, de l’équipe, et qu’on ne l’oublie pas – même s’il est absent pendant plusieurs mois.


  • Préparer le retour 📆
Si vous avez pu anticiper le départ, vous êtes déjà bien avancé sur cette étape. 
 
Premier élément à connaître : la date exacte du retour. Elle vous permettra d'établir un planning de rentrée – dont l’entretien de retour d’absence – que vous pouvez définir avec le collaborateur pour l’adapter à ses besoins. Le maître mot : douceur. Il serait contreproductif de redémarrer sur les chapeaux de roue après une absence de plusieurs mois, privilégiez une réacclimatation progressive à l’environnement de travail. 
 
Ensuite, questionnez le collaborateur à propos des modalités de ce retour : faut-il prévoir un aménagement du temps de travail, du nouveau matériel, une réaffectation des missions… ?
 
De votre côté, vous pouvez préparer un document qui rassemble les changements survenus durant l’absence du collaborateur pour qu’il puisse en prendre connaissance à son rythme et ne rien oublier.
 
Enfin, n’oubliez pas de consacrer un moment en équipe à l’évocation du retour du collaborateur. Cela vous permettra de sonder l’état d’esprit de chacun, de répondre aux éventuelles inquiétudes, de partager la date exacte de ce retour et d’inclure tout le monde pour faire en sorte que ce retour se passe le mieux possible.


  • Organiser l’accueil du jour J 🎉
Ça y est, le grand jour est arrivé ! Pour le retour de votre collaborateur, misez sur la convivialité en rassemblant toute l’équipe pour lui souhaiter la bienvenue. En effet, reprendre le travail après une longue absence n’est pas toujours aussi simple que de remonter sur un vélo : on peut se sentir stressé, craindre de ne pas retrouver sa place, douter de ses capacités… Vous pouvez prévoir un petit-déjeuner au bureau pour reprendre contact de manière informelle avec l’équipe et commencer la journée en douceur.
 
En tant que manager, veillez à ne pas avoir une journée trop chargée pour pouvoir rester disponible et à l’écoute autant que possible. N’hésitez pas à prendre la température en fin de journée pour vérifier que les adaptations que vous aviez prévues sont satisfaisantes et que le collaborateur reprend petit à petit ses marques.
 
 
  • Réaliser l’entretien de retour d’absence 📝
Voir ci-dessus en cas d’interrogation à ce sujet !
 
 
  • Respecter les limites de la vie privée 🚫
Durant toute l’absence longue durée, et dès le moment où vous en êtes averti, mettez-vous au diapason quant à l’attitude à adopter. Creusez le sujet avec le collaborateur en question pour définir ce que vous pouvez et ne devez pas dire au reste de l’équipe, sur la fréquence de vos communications, sur l’équilibre pro/perso, etc. Briefez l’équipe au besoin, surtout si le collaborateur ne souhaite pas qu’on lui pose de questions à propos de son absence.
 
De même, lorsqu’il s’agit d’organiser le retour du collaborateur, essayez de prévoir un événement qui correspond à ses envies et à sa personnalité : s’il est plutôt de nature discrète et réservée, évitez de braquer un grand coup de projecteur sur lui et préférez un retour intimiste, sans trop de fioritures. 
 
 
  • Accompagner la reprise en douceur 🤗
Cette étape est certainement celle qui vous demandera le plus de flexibilité. Dans les premiers jours et premières semaines qui suivent le retour du collaborateur, faites régulièrement le point pour vous assurer que la transmission des informations se déroule correctement et qu’il reprend progressivement sa place au sein de l’équipe. Pour fluidifier la transition, et si les emplois du temps de chacun le permettent, il peut être utile de faire cohabiter le collaborateur et son remplaçant une semaine, en duo.
 

 

Accueillir un salarié de retour d’une absence longue durée, cela ne se fait pas en un claquement de doigts, mais cela n’a rien d’insurmontable non plus ! Plus vous avez la possibilité d’anticiper l’absence et plus vous favorisez le dialogue avec le collaborateur, mieux vous vous en sortirez pour lui concocter un parcours de ré-onboarding sur-mesure. L’idéal pour faciliter le retour au travail tout en soignant son expérience collaborateur !

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